Attentat de Vienne : de multiples ratés dans le suivi du terroriste

Le ministre de l’Intérieur autrichien a reconnu «un problème de communication entre les services». Agence de renseignement, ministère de la Justice, dirigeants successifs… chacun se renvoie la balle.

Les autorités autrichiennes auraient-elles pu empêcher l’attentat de Vienne ? Après chaque attaque terroriste, la question se pose inévitablement. Elle est particulièrement aiguë en Autriche. Quatre jours après la fusillade qui a fait cinq morts – dont son auteur – et une vingtaine de blessés, parmi lesquels sept sont dans un état grave, le pays se demande si son service de renseignement et son système judiciaire ont dysfonctionné ou non, et s’ils sont aptes à assurer sa sécurité.

L’enquête sur le tireur et d’éventuels complices suit son cours, notamment en Suisse, où deux hommes ont été arrêtés. Mais médias et opposition politique pointent déjà du doigt de grosses lacunes dans le travail des autorités en amont du passage à l’acte du terroriste. Elles auraient permis à Fejzulai Kujtim, jeune Viennois de 20 ans, pourtant déjà condamné en 2019 à vingt-deux mois de prison pour avoir tenté de rejoindre l’Etat islamique en Syrie, de préparer un attentat et de s’armer, au nez et à la barbe des services de renseignements et de ses agents de probation.

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La police montée : arrivera-t-elle, n’arrivera-t-elle pas ?

C’était un projet qui tenait tout particulièrement à cœur au ministre de l’Intérieur Herbert Kickl (FPÖ) : il voulait doter son pays d’une police montée. Seulement voilà, fin mai, son gouvernement a été renversé suite au scandale d’Ibiza, avant que cette nouvelle compagnie ne sorte des starters. Sous le feux des critiques, celle-ci fait maintenant face à un avenir très incertain. C’est l’histoire que je racontais hier sur RFI et que vous pouvez retrouver sur le site d’Accents d’Europe (à partir de 10′) : www.rfi.fr/emission/20190716

«On essaye de monter les gens les uns contre les autres»

Aujourd’hui paraît dans Libération ma double page sur l’Autriche.

Extrait :

Ils sont régulièrement 2 000 ou 3 000 à venir scander leur slogan «résistance !» sous les fenêtres de différents ministères. Tous les jeudis soir depuis octobre, ces Viennois et Viennoises protestent contre la politique de leur gouvernement. Au fil des mois, les «manifestations du jeudi» se sont également étendues à d’autres villes autrichiennes, comme Graz ou Innsbruck. Toutes ces mobilisations peuvent paraître modestes, mais elles restent notables pour la petite et paisible république alpine. Elles sont planifiées par un collectif non-partisan auquel appartiennent quelques figures historiques des grandes manifestations qui avaient marqué le pays au tournant des années 2000. A l’époque, plusieurs centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour dire leur opposition à la première participation de l’extrême droite au gouvernement fédéral.
Depuis un peu plus d’un an, c’est bis repetita : le Parti de la liberté est de retour à la tête de l’Autriche. Et cette fois encore, sa réapparition s’est faite au sein d’une coalition menée par les chrétiens-démocrates du Parti populaire. Même si le Parti de la liberté n’est que «junior partner» puisque sous la houlette du chancelier, le jeune chrétien-démocrate Sebastian Kurz, les organisateurs des manifestations du jeudi considèrent, à l’instar de Michaela Moser, que «tout le gouvernement vire à l’extrême droite. On le reconnaît surtout au racisme de plus en plus éclatant qui en émane». Dans les cortèges, des panneaux comme «Plus jamais ça, c’est maintenant» révèlent la peur de se retrouver confronté à des démons du passé nazi. Régulièrement, les manifestants interpellent le chancelier… qui garde, à ce sujet, un silence assourdissant. Il ignorerait sciemment le vrai et dangereux visage de son partenaire au gouvernement.
«Cerveau»
Au Parlement, la sociale-démocrate en charge des questions de mémoire, Sabine Schatz, a recours à une autre métaphore. Jeudi, elle accusait le gouvernement d’être «aveugle de l’œil droit». Allant jusqu’à considérer en substance que l’extrémisme de droite conduirait à la violence. «Il tue. L’attentat tragique de Christchurch l’a montré», dit-elle. La fusillade islamophobe en Nouvelle-Zélande a trouvé un écho inattendu en Autriche, depuis que le ministère de l’Intérieur a confirmé que le suspect néo-zélandais, Brenton Tarrant, avait séjourné en Autriche dans le cadre d’une tournée en Europe en 2018.
Le Mouvement identitaire autrichien est désormais visé par une enquête. […]

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