Mon interview de la ministre des Affaires étrangères Karin Kneissl est à lire aujourd’hui dans Libération.
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Vienne, qui prend la présidence de l’Union au 1er juillet, défend une réforme de l’asile avec des centres hors de l’UE, explique sa ministre des Affaires étrangères.
Ancienne diplomate et publiciste, Karin Kneissl a été nommée, en décembre, ministre des Affaires étrangères sur proposition du FPÖ, parti d’extrême droite siégeant au sein de la coalition qui gouverne l’Autriche, sous la houlette du conservateur Sebastian Kurz. Alors que la présidence tournante du Conseil de l’Union revient le 1er juillet à la république alpine, la ministre expose les projets de son gouvernement pour ce semestre. Avec une priorité : la crise migratoire.
Nathalie Loiseau, ministre française des Affaires européennes, a insisté, jeudi à Vienne, sur les chiffres des arrivées sur le continent, dix fois inférieurs à ceux de 2015. Pourtant, l’Autriche fait de la question migratoire une priorité de sa présidence tournante. Les difficultés ne sont-elles pas derrière nous ?
Nous ne sommes pas les premiers à dire que la crise migratoire est la plus grande crise de l’Union européenne. Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, le disait déjà en 2016. Je considère l’angle démographique. Selon le Rapport sur le développement humain arabe 2016 [de l’ONU, ndlr], 60 millions de jeunes dans les pays arabes vont se retrouver, en 2020, sur un marché du travail saturé. D’une manière ou d’une autre, ils vont prendre la route ! On ne peut pas dire que la crise migratoire était éphémère.
Que veut faire la présidence autrichienne ?
Nous voulons faire avancer la réforme de l’asile. Nous ne nous contentons pas d’une répartition des migrants par quotas entre les Etats membres. Il faudrait plutôt délocaliser les administrations adéquates, les amener aux personnes. C’est ce que nous faisons déjà avec l’Organisation internationale pour les migrations. Nous menons des programmes de réinstallation depuis les pays d’origine, plutôt que d’attendre que les personnes traversent la Méditerranée, où le principe de sélection revient à la survie du plus fort.
Kurz s’est prononcé pour des centres en dehors de l’Europe, où pourraient être déportés les déboutés du droit d’asile que leurs pays ne veulent pas reprendre. L’Elysée a qualifié cette idée d’inacceptable, humanitairement et légalement. L’Autriche va-t-elle continuer dans cette direction, dans les Balkans par exemple ?
On peut toujours tester des idées et voir s’il se trouverait des partenaires… Mais nous ne ferons rien de façon unilatérale. Cependant, la problématique des migrants qui n’ont pas le droit d’asile demande davantage de fermeté. Je me souviens qu’en 2016, beaucoup de gouvernements, en Suède, au Danemark, en Allemagne, ont promis à leurs électeurs qu’ils allaient expulser beaucoup plus. C’est resté lettre morte. […]
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